I had a dream

Publié le par Ephélide

Mercredi matin, réveillée en sueur, une heure avant le déclenchement de mon radio réveil. Je vérifie frénétiquement l'heure, paniquée à l'idée de ne pas l'avoir entendu: Je me suis réveillée de moi même et vu que j'ai une heure de bus pour aller en stage où je suis tenue d'être à 7h50 pétantes, vous comprendrez aisément que je trouve cela anormal.
C'est alors que je me souviens des derniers instants du rêve expliquant mon réveil : un insecte se faisait piétinner, encore et encore. C'était sanglant. J'ai du vaguement m'identifier à la chose, d'où le réveil.

Je suis pas très forte en interprétation psychanalytique de rêves, mais je subbodore que ça a un lien avec GC. Godeffroy le Cyclothymique, aka Gros Cinglé, mais ça marche avec plein d'autres trucs pas aimables.

Une de mes grandes activités en stage, (ça aide à oublier le gros sentiment de honte vis à vis des patients ressenti pendant la visite où aucun chir ne leur parle vraiment) est d'imaginer les différentes réponses possibles à cet abruti.
Qui toutes, à mon avis, le mèneraient à la crise d'apoplexie, ce qui ajoute de l'intérêt au jeu

[sursaut d'orgueil] : Ah ouais ? ah ouais le gros ? Ce que tu ne sais pas c'est qu'un jour je serai chirurgienne, bien meilleure que toi, je dirigerais un service, et tu te traîneras à mes pieds pour récolter les miettes de mon savoir.
(sauf que je ne veux pas être chir)

[placide] : Hein ? Pardon ? J'ai mal compris ce que vous avez dit. Pourriez vous répêter plus doucement, en articulant bien je vous prie ?

[la compréhensive] : Vous avez des problèmes relationnels avec les femmes ? Vous voulez en parler ? Calmez vous. lààà, lààà, respirez un grand coup. Leentement. Leeeeeeeentement. Calez vous sur ma respiration. Allez, ensemble, on inspire. Mais enfin calmez vous. Retirez les mains de mon cou. RETIREZ LES. Non. Serrer n'est pas une solution. Vraiment pas. vraim...

[la condescendante] : Ecoutez, je comprends que vous vous sentiez menacé par ma beauté, mon intelligence clinique et mon sens inné du relationnel avec mes patients. C'est humain, et la plupart des gens ressentent ça en ma présence. Il n'y a pas que quoi avoir honte. Mais quand même, cessez de crier.

[curieuse] : Vous êtes sûr que c'est absolument normal votre veine qui palpite, là, sur le front ?

[admirative] : Vous savez, avec un coffre pareil, vous auriez dû être chanteur. Si je vous laisse le numéro de ma grand mère qui cherche des voix graves pour sa chorale, vous me promettez de l'appeller ?

[concernée] : Vous devriez faire une pause de temps en temps, sinon vous n'aurez plus de voix demain. Et vous devriez trouver un exutoire plus sain à votre agressivité.

[consciencieuse] : Ne pas sourire, dites vous ? Noté. Mais me moquer des petites vieilles devant elles, comme vous ? Oui, ça c'est ok ? oh. Je suis loin de saisir toutes les subtilités, hein, j'ai encore du boulot.

[informative] : Vous savez si vous avez des problèmes pour.. euh, enfin, si vous... Ya pas de honte hein, faut pas rester comme ça, tout frustré. Le viagra, c'est pas pour les chiens.

[logique] : Si je suis une sous-merde, j'en conclus que vous êtes...
(non rassurez vous il ne m'a pas encore appellée ainsi, mais son comportement est plutôt clair. Quoique je dois également avoir un petit côté clebs, car quand il est content il adoore nous tapoter le dos (voire la tête) en disant "c'est bien". Je ne plaisante pas)

[médicale] : En un sens vous avez raison d'évacuer tout ce stress, ça vous évite peut être des TFI ou un infarctus, mais je doute que ce soit très bon pour mon audition. Puis je compter une diminution de mon audiogramme comme Maladie Professionnelle ?

[psy] : Etes vous sûr d'avoir réglé tous vos conflits oedipiens avec votre maman ? Parce que votre acharnement sur les plus faibles, de préférence les filles, ça a de quoi étonner hein.

Voyez à quoi j'en suis réduite.

En tout cas je connais peu de gens à être parvenus à se décrédibiliser aussi totalement et rapidement à mes yeux. Vraiment très peu.

Je parlerai de choses intéressantes un autre jour. (Comme le manque de communication chir/patients, la mauvaise gestion du côté "médical" (et non chir) des patients, la honte de la visite, parfois..). Mais ce soir, rien à dire d'intéressant.

Publié dans Galères

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H
<br /> <br /> Et voilà le début de mon externat, catapulté en tant qu'externe en cardiologie...Visite d'une de "mes" patientes avec le chef, qui ferme le dossier et me dis sur un ton autoritaire, complété d'un<br /> regard glacial et dénué d'expression au dessus de petites lunettes noires...."Alors, raconte" : Après avoir balbutié, perdu quelques litres de sueur, cherché un appui dans le regard de l'interne,<br /> vérifié l'état de marche de mon Bic 4 couleurs tout neuf, je finis pas une vague histoire de la maladie....et un blanc total. Qui dure. Pesant. Verdict :<br /> <br /> <br /> "Vous ne connaissez pas vos patients. La médecine n'est pas approximative jeune homme". Ainsi commence ma première semaine en tant qu'externe. Qu'est-ce que la médecine fera de moi? ...<br /> <br /> <br /> Puis fin de la visite dans une autre chambre, le chef qui prévoit un traitement chirurgical adapte les posologies médicamenteuses, déballe un savoir certain, accorde un bref regard au patient<br /> puis s'en va en grandes pompes. Puis le patient me demande : "Alors, on va me faire quoi?!"....Sur ces mots, je fais défiler les heures de cours d'éthique de P1 sur la relation médecin/malade<br /> soignant/soigné, sur l'information claire, appropriée, et en tant que futur médecin de la génération éthique, lui explique en termes simples le principe de l'intervention (si tant est que j'en ai<br /> bien compris le principe)...le fait de parler, partager un moment avec la personne, échanger semble être devenu un contre-temps, une basse besogne reléguée aux externes...ou bien l'éthique est un<br /> néoconcept inconnu des générations antérieures.<br /> <br /> <br /> <br />
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M
Merci pour l'éclat de rire du soir !C'est juste dommage que je n'ai pas connu ton site plus tôt : mon chef de Cardio aurait tellement été moins insupportable si j'avais pu jouer à ce jeu là ! (je me suis contentée de devenir transparente pendant mes trois mois de stage, ce qui n'est pas des plus efficaces malheureusement...)
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N
La condescendante et la consciencieuse sont les plus classes. Le coup des petites vieilles, c'est fort, ça.
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E
Ouais, hein... Mon moment préféré de la semaine ? GC qui, répondait à la mère d'un jeune malade (c'est déjà un progrès que de lui répondre, certes), en regardant la TELE. Il répondait de manière appropriée, certes, mais il répondait au présentateur télé. La Grande Classe, vraiment. Ce type est tellement une caricature que que c'est à espèrer qu'il le fait exprès.
G
franchement, aucune des réponses que tu envisages ne me semble acceptable... <br /> je crois que tu vas devoir continuer en apnée jusqu'à la fin du stage. Bon courage à toi.
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E
Oui je crois bien... Mais c'est toujours agréable de rêvasserMerci beaucoup pour le lien... Je connaissais (de nom) M. Winckler, mais pas ses chroniques radio... et celle là avait quelque chose de très juste effectivement.